Le concert du 20 juillet fera incontestablement partie des meilleurs du 31e Festival. Plaisir intact de retrouver l’excellent Quatuor Parisii, qui n’en finit jamais de nous surprendre !
Publié en 1799, le Quatuor en fa op.18 n°1 est le premier publié par Beethoven. Les Parisii y affirment toute leur maîtrise. Chaque fois que c’est possible, le premier violon indique clairement les entrées. Remarquable homogénéité du son, beauté des nuances, tout est parfaitement en place. Chaque pupitre se trouve mis en valeur à un moment ou un autre. On retrouve chez ces artistes les qualités qui ont fait la réputation du Quatuor Alban Berg pendant de nombreuses années. Mais ils se distinguent de leurs aînés par plus de légèreté et d’élégance dans l’expression, des attaques plus nerveuses, de brefs silences qui aèrent le discours avant des relances d’une précision à couper le souffle. Voila du Beethoven entièrement dépoussiéré, c’est très beau.
Ovation du public
Doit-on
condamner le conformisme de certaines programmations ? Les Parisii se sont toujours donné pour mission de servir les musiques de notre temps. Ce soir, ils jouent le Deuxième Quatuor (2014) de Bruno Mantovani. Musique déroutante au premier abord, qu’il faudrait pouvoir entendre plusieurs fois de suite pour en saisir tout l’intérêt. Ici, le quatuor est traité comme un seul instrument. Nous parlons de développements brutalement interrompus par des ruptures ; il évoque la déformation progressive d’éléments donnant naissance à d’autres idées musicales. On n’est peut-être pas loin d’Henri Dutilleux qui part d’une idée et la déforme de toutes les manières possibles, au point qu’elle ne se reconnaît plus à l’arrivée. Partition de présentation extrêmement difficile ! Le Quatuor reçoit une véritable ovation, qui sanctionne autant la qualité de l’exécution que l’intérêt de l’écriture. Avis aux programmateurs frileux…
Le public en redemande !
Après la pause, le pianiste Yves Henry, spécialiste de
Chopin, s’installe au Yamaha pour donner le 1er Concerto (en réalité le 2e) daté de 1830 , dans sa version avec accompagnement de quatuor à cordes et contrebasse. La partie de soliste mise à part, il n’est pas sûr que celles destinées aux instruments soient de Chopin lui-même, qui n’avait rien d’un orchestrateur. La plupart du temps, il semble qu’il s’en remettait à ses élèves pour achever un ouvrage qui l’intéressait peu . La version de ce soir, rarement retenue au profit de l’orchestre, est pourtant intéressante, mais elle souffre d’un léger déséquilibre entre les cordes et le soliste : le Yamaha n’a évidemment qu’un lointain rapport avec l’instrument dont Chopin disposait. L’interprétation brillante d’Yves Henry et de ses amis leur vaut une ovation interminable. Le public enthousiaste en redemande et Yves Henry se prête volontiers au jeu des rappels avec un Nocturne, puis deux Valses, bienvenus pour illustrer deux autres aspects du talent de compositeur de Chopin.